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AMÉLIE

Et sans plus bavarder, nous partons.

Il me conduit à l’hôtel du roi d’Espagne, demande l’étranger auquel il a déjà parlé, et me présente à lui comme un jeune homme capable de remplir ses intentions. Après quelques questions d’usage sur les qualités, qui selon lui, me sont nécessaires dans l’état que je veux embrasser, il me demande mon nom, celui de mon pays.

— Je me nomme Deschamps, lui dis-je, originaire de France, et quoique jeune encore, j’ai déjà vu le monde et j’ai fait quelques voyages de long cours. Je parle les langues des royaumes que j’ai parcourus, l’anglais, l’espagnol, l’italien même, me sont aussi familiers que le français ; mais la meilleure des qualités que je puisse vous offrir, c’est la bonne volonté.

Ma franchise plut à l’étranger ; il me retint à son service, en me disant qu’il ne voulait pas faire de prix avec moi ; et il donna pour boire à celui qui m’avait amenée, pour le remercier de sa complaisance.

Comme je venais de me donner un maître, auquel des circonstances malheureuses n’avaient pour ainsi dire fait vendre mon temps et ma liberté, je reçus les ordres qu’il lui plut de me donner.

Je le quittai ensuite un instant pour témoigner toute ma reconnaissance à celui qui m’avait rendu cet important service, et je le priai de