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AMÉLIE

vai beaucoup de monde réuni pour causer, en attendant le souper, dont les préparatifs annonçaient l’heure prochaine. On ne fit point du tout attention à moi, j’en profitai pour observer les passagers.

Parmi les personnes qui se trouvaient là rassemblées, j’y remarquai un jeune homme d’une quinzaine d’années, qui me parut être au service de quelque voyageur descendu dans l’hôtel ; je m’approchai de lui et liai conversation. Je sus bientôt qu’il n’appartenait à personne, et qu’il était au service du premier qui voulait l’employer. Il me demanda si j’étais de la suite de l’officier qu’il avait vu arriver le soir. Je lui répondis que oui ; mais que je cherchais à le quitter, parce que son service était trop difficile pour moi.

— Je suis fâché, me dit-il, que vous ne soyez pas arrivé une heure plus tôt ; j’aurais pu vous procurer une place qui m’a été offerte, mais que j’ai refusée, parce qu’il faut voyager, et que je ne m’en soucie pas.

— Cela pourrait peut-être me convenir, lui répondis-je, et si vous croyez qu’il en soit encore temps, faites-moi le plaisir de me présenter.

— Très volontiers, me dit ce jeune homme, venez avec moi, si l’affaire est faite, eh bien ! nous en serons quittes pour nos pas ; au contraire, si vous réussissez, je serai charmé de vous avoir rendu ce petit service.