Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
AMÉLIE

velle toilette fût plutôt faite : tout m’alla à merveille ; il ne restait que la difficulté de cacher la perte que j’avais faite de mes cheveux.

— Rien n’est plus aisé, me dit-il.

Et en même temps il tire de sa poche un mouchoir blanc, qu’il me met autour de la tête en le nouant par derrière, et couverte d’un grand chapeau rond, il n’était pas possible de s’en apercevoir.

Quand tout fut arrangé, je suivis Fabricio, qui me fit descendre par un petit escalier donnant dans le jardin, et bientôt nous fûmes dehors. Il eut la précaution de ne point me faire rentrer de jour dans Cadix : nous nous arrêtâmes sur la route dans une auberge, où nous attendîmes la nuit. Dès que nous crûmes que nous n’avions plus à courir le danger d’être reconnus, nous nous rendîmes à la ville, où nous descendîmes dans un hôtel garni, situé dans un quartier tout à fait opposé à celui que j’avais habité.

Je ne me sentais pas d’aise d’avoir échappé, par une espèce de miracle, aux cruautés de Léonida ; mais j’étais fâchée d’en avoir l’obligation à un homme que je devais haïr, et auquel ma situation présente me forçait cependant de demeurer attachée, tant que je ne serais pas assez heureuse pour m’en délivrer.

Fabricio me déposa dans cet hôtel, où il se fit passer pour un voyageur qui, ayant peu d’af-