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AMÉLIE

d’accepter les secours du meurtrier de mon amant ? car je ne doutais pas qu’il le fût, d’après ce qu’il venait de me dire. N’importe, il vaut encore mieux hasarder de le suivre, sauf à le quitter quand l’occasion se présentera, que de donner à sa sœur le temps d’inventer et d’exécuter des supplices dont je serai peut-être la victime.

— Disposez donc de moi, lui dis-je après un moment de réflexion, je m’abandonne à vos soins.

Enchanté de ma réponse, et tout hors de lui-même, Fabricio ne se sent pas de joie ; il se précipite à mes genoux pour me remercier de mes bontés, et me baise modestement la main.

— Ma sœur, me dit-il, ne doit revenir ici que demain matin ; j’ai donné ordre à un domestique fidèle, dont l’attachement pour moi est à l’épreuve, de m’apporter cet après-midi un habit d’homme, qu’un de mes amis a fait faire pour sa sœur, de même taille que vous ; et à l’aide de ce déguisement, nous échapperons à toutes les poursuites qu’on pourrait faire pour vous retrouver.

Je consentis à tout et il me quitta, bien satisfait que j’eusse accepté ses propositions.

Il revint l’après-midi, comme il me l’avait promis, avec le costume qui devait me dérober à la vengeance de Léonida. Il voulut absolument m’aider à m’habiller, pour que ma nou-