Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
AMÉLIE

chaise, où l’un d’eux me retient sans qu’il me soit possible de me remuer. Léonida, armée d’une paire de ciseaux, me coupe les cheveux à deux lignes de la tête ; puis, faisant retrousser mes jupons et ma chemise par l’un de ses valets, qui me les tient serrés autour du corps, tandis qu’un autre m’allonge les deux jambes et les écarte, elle fait la même opération à la cause principale de ses chagrins.

Assurément il lui eût été impossible de choisir un moyen de vengeance qui me fût plus cruel, car en me privant de la plus belle chevelure que jamais femme ait portée, elle me mettait pour longtemps dans l’impossibilité de reparaître dans le monde avec tout l’avantage que la figure, même la plus parfaite, tire d’ordinaire de cet utile ornement. Néanmoins, persuadée que ce serait en vain que je voudrais m’opposer à cette ignominie, je la supportai avec courage, sans proférer un seul mot, et sans me plaindre.

Quand elle eut achevé cette brillante expédition, elle fit ramasser avec soin tout ce qui avait cédé au fatal ciseau, et après en avoir fait un paquet en observant bien de ne pas confondre les deux espèces, elle sortit et me promit de revenir le lendemain pour mettre ma constance à une nouvelle épreuve.

J’avoue, de bonne foi, que je n’étais pas trop rassurée sur les suites d’une vengeance à la-