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AMÉLIE

pour tout oser, je lui parlai de sa maîtresse : j’en exigeai le sacrifice, comme la seule preuve convaincante qu’il pût me donner de son amour ; et dans l’instant, il lui signifia son congé par ce billet, que je lui fis remettre, pour être assurée qu’il parviendrait à son adresse.


« Mademoiselle,

» La mort de mon frère me laissant seul chargé de la conduite d’une maison de commerce, dont les détails infinis absorbent tout mon temps et m’éloignent de la société, trouvez bon que je vous prévienne qu’il me sera désormais impossible de vous voir, et croyez que, si des circonstances impérieuses me forcent à me séparer de vous, votre souvenir sera toujours présent et cher à ma mémoire. »


Il ne me restait aucun prétexte pour différer de rendre heureux un homme qui ne pouvait rien me refuser : je me disposai donc à me rendre à ses désirs, la première fois que sa passion me le ramènerait. Cependant, comme il ignorait mes liaisons avec son frère, et qu’il devait croire que j’étais encore novice, j’avais le plus grand intérêt à lui laisser cette bonne opinion et à faire reparaître, s’il était possible, quelques signes de ma virginité qui, depuis si longtemps, étaient tous effacés. J’éprouvais,