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AMÉLIE

voisin. La chaleur nous avait un peu fatigués ; mais la conversation surtout y avait beaucoup contribué. Georges m’invite à m’asseoir, je ne me fais point prier, n’ayant aucune crainte sur les résultats de cette nouvelle position.

Nous voilà donc assis tout près l’un de l’autre.

Et les baisers de recommencer ; cependant ce petit jeu nous échauffait prodigieusement ; la sueur coulait de mon front ; ce fut un prétexte pour mon amant de me proposer de me débarrasser de mon mouchoir : il n’avait pas même achevé que ce voile n’était déjà plus sur mon cou. Ma gorge se trouvait alors en liberté ; il la presse contre son cœur, la couvre de baisers ; et, d’une main plus hardie, il parcourt mes autres charmes : je ne m’oppose à rien ; le cœur rempli du sentiment que j’éprouve, je n’ai pas la force de lui résister ; il me renverse, et sa main, sans doute, guidée par l’Amour lui-même, arrive à cet endroit, encore intact, où toutes mes idées vinrent probablement se confondre dès que je la sentis, car mon imagination s’exalta, mes sens se troublèrent, et je ne fus plus maîtresse de ma raison.

Georges allait passer de cet état délicieux, qu’il éprouvait lui-même, au comble de ses désirs : l’autel était orné ; les plaisirs l’environnaient ; nous allions jouir de cette suprême félicité qui, dans ce moment, élève au rang des