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AMÉLIE

amitié pour toi, mon cher Georges, est un de mes plus grands plaisirs.

— Que parles-tu d’amitié ? est-ce là le seul sentiment qui nous convienne ? Et l’amour ? — Tout en prononçant ce mot, il imprima sur mes lèvres un baiser de feu — : et l’amour ?…

— Il ne peut pas m’obliger de t’aimer davantage.

— Non, je veux le croire ; mais il exige des preuves que l’amitié ne demande pas.

— Que veux-tu dire ? explique-toi. N’es-tu pas sûr d’obtenir tout ce que je peux t’accorder ?

— Oui ; mais l’amour, plus exigeant que l’amitié, ne se contente pas, comme elle, d’un attachement ordinaire ; il veut trouver dans l’union de deux cœurs, l’aliment nécessaire à sa subsistance ; et si tu m’aimes, comme tu me le dis, il faut m’accorder une faveur qui me sera bien chère, et me rendra le plus heureux des hommes.

— Mais je ne sais rien en mon pouvoir qui soit préférable à tout ce que j’ai fait, jusqu’à présent, pour te prouver que tu m’es bien cher.

Il n’osait me dire ce qu’il me demandait, et moi je feignais de ne pas l’entendre.

Tout en discourant sur ce sujet, dont je m’entretenais, pour la première fois, avec tant de plaisir, et que les baisers passionnés de mon cher Georges me rendaient bien intéressant, nous nous étions enfoncés dans un petit bois