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AMÉLIE

les femmes ? Va, malheureux ! celle-ci sera la dernière, et je ne suis point venue sans être armée pour ma vengeance.

L’abbé ne soufflait pas le mot ; moi, j’essayais en vain de l’apaiser, car je voulais éviter l’esclandre et tâcher que cette histoire ne fût point connue des autres domestiques de la maison, qui s’en seraient amusés à mes dépens. D’un autre côté, j’étais piquée d’être prise au lit, par ma femme de chambre, avec un homme qu’elle disait son amant et que son silence me faisait regarder comme tel. Il fallait pourtant en finir.

— Eh bien ! repris-je, quand tout ce dont vous vous plaignez serait vrai, que prétendez-vous faire, et de quelle utilité peut vous être cette scène désagréable pour moi ?

— Je l’ignore, madame, me répond-elle fièrement ; mais je veux profiter de l’avantage que j’ai sur vous deux, et voici l’arrangement que je vous propose : Ou vous souffrirez que là, à côté de vous, dans ce lit, où vous avez reçu ce parjure, je reprenne les droits que vous m’avez enlevés sur son cœur, ou j’éveille, à l’instant, tous les domestiques de la maison, et je vous livre à leurs plaisanteries ; et bientôt milord me vengera de vous et de lui. Voyez maintenant ce que vous avez à faire, car je vous promets que je tiendrai parole.

Je voulus prendre le ton d’une maîtresse ; je ne