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AMÉLIE

l’entrée et me privait des droits que je pouvais avoir acquis sur son amitié. Il ajouta qu’il allait vaquer à ses affaires et qu’il espérait, qu’en rentrant le soir, il ne me retrouverait plus.

Quand il fut dehors, je m’excusai du mieux que je pus auprès de sa mère ; je lui jurai, sur ma reconnaissance envers elle, que je ne savais pas l’état auquel on m’avait réduite, quand le hasard m’avait amenée chez elle.

— Ne vous inquiétez pas, me dit cette femme, la situation dans laquelle vous vous trouvez m’intéresse beaucoup, et je ne vous abandonnerai pas.

Elle entra ensuite avec moi dans les plus grands détails ; ce fut dans ce moment-là que j’appris qu’elle n’était point mère de Sorbey, mais bien ce que j’ai déjà dit plus haut. Elle ne perdit point un instant, me conduisit chez une de ses amies de même profession qu’elle, où je fus parfaitement bien traitée, et où, en très peu de temps, je rétablis la brèche faite à mon tempérament.

Il n’est pas difficile de deviner de quelle manière je fus reconnaissante, et comment je payai les services que m’avait rendus cette femme obligeante, mais intéressée. Je tairai donc mes aventures chez elle : elles n’ont rien d’ailleurs de bien remarquable. Je dirai seulement qu’après quinze mois passés à concourir, par l’abandon de mes charmes, aux différents plaisirs des