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AMÉLIE

qu’il avait un grand secret à me confier ; qu’il n’avait pu jusqu’alors trouver l’occasion de soulager son cœur ; mais que, puisqu’elle s’offrait, il espérait que je ne dédaignerais pas de l’entendre.

— Non, mon ami, lui dis-je, vous ne devez pas craindre un refus de ma part. Pouvez-vous avoir des chagrins ou des plaisirs que votre sœur n’aime à les partager ? De grâce, calmez promptement mon inquiétude, apprenez-moi ce secret que je brûle de connaître.

Georges me fixe attentivement ; le feu brille dans ses yeux, son teint se colore, je le regarde sans oser dire un mot ; et, pour la première fois, mes yeux craignent de rencontrer les siens. Enfin, il rompt le silence :

— Ô mon amie, me dit-il, pardonne à ma franchise l’aveu que je vais te faire ; il importe à ma tranquillité de connaître tes véritables sentiments pour moi. Les traits divins dont la nature a pris plaisir à t’orner, ont fait sur mon cœur une impression si vive, que je ne suis plus maître d’en contenir les transports. La nature en vain se pare de ses plus beaux ornements pour embellir les lieux que nous habitons : l’étude même, qui faisait autrefois mes délices, et dont je sens la nécessité, n’a plus de charmes pour moi. Toi seule occupes mon âme tout entière. Je t’aime enfin, ma chère Amélie, et rien n’égale ma tendresse pour toi.

— Je t’aime aussi de bien bon cœur, et mon