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AMÉLIE

il avait imaginé de me faire monter chez une femme publique de sa connaissance, d’où il sortait quand nous nous étions rencontrés ; et pour de l’argent lui avait fait jouer le rôle dont elle s’était jusque-là acquittée avec assez d’intelligence, pour me faire donner dans le piège.

On me rendit pourtant mes habillements, et la chère mère, toujours plus officieuse, voulut absolument m’aider à me r’habiller. Quand ma toilette fut achevée, nous passâmes avec son fils dans un petit boudoir assez proprement décoré. Ce fut là qu’il me fallut essuyer une bordée de questions, de la part de cette femme intarissable. J’y répondis comme il me parut convenable de le faire ; mais ce que je fus obligée d’avouer, puisque c’était là la cause de mon embarras, c’est que j’avais quitté une maison dans laquelle je ne voulais plus retourner, et que je cherchais un petit logement pour me retirer, jusqu’à ce que je fusse en état de me décider à quelque chose.

— Vous n’irez pas plus loin, me dit alors le jeune homme, et si vous voulez habiter cet appartement avec ma mère et moi, vous nous ferez le plus grand plaisir.

Je le remerciai beaucoup de tant d’honnêtetés, et je fis d’abord, pour la forme, quelques difficultés d’accepter une proposition qui me flattait infiniment ; mais à la fin, je parus céder aux vives sollicitations qu’on me fit ; je consentis