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AMÉLIE

d’un autre côté, pour aller, me dit-il, chercher sa mère ; mais bien pour prévenir de ses desseins, celle à laquelle il allait donner ce titre.

J’étais à peine assise, que je sentis un grand mal d’estomac, et dans l’instant je tombai sans connaissance. On profita de ce nouvel accident pour me déshabiller de la tête aux pieds, et j’étais au lit quand je revins à moi. Une femme d’assez mauvaise tournure, assise auprès de mon lit, paraissait prendre intérêt à ma situation ; pour le jeune homme, il n’y avait pas de caresses qu’il ne me fît, pas d’attentions qu’il n’eût pour moi. Quand je parus n’avoir plus besoin de secours, la mère se retira, et je restai seule avec le prétendu fils. Mon homme, prompt dans ses expéditions, et habile à profiter de ma position avantageuse, sans autre cérémonial, met la main dans le lit. Je laisse aux amateurs à deviner le chemin qu’il lui fait prendre ; aucune route ne lui est étrangère, elle les parcourt toutes. Je veux m’opposer à ses entreprises en lui représentant l’indécence de sa conduite, surtout chez sa mère, à laquelle je dois des égards pour les soins qu’elle a bien voulu me donner ; il va toujours son train ; je crie, mais inutilement ; tout le monde est sourd, dans une maison où l’or est le mobile des actions, et je me vois contrainte à subir la loi du plus fort. D’une main il se prépare au combat, de l’autre, il fait tomber le drap et la couverture, et en même