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AMÉLIE

femme ? n’es-tu pas libre de faire ce qui t’est agréable, et l’homme du monde qui t’aime le plus ne l’emportera-t-il pas sur cette mégère ?

Le ton persuasif qu’il donna à ses sollicitations et l’envie de jouir une fois, pour mon compte, de la plénitude de ma liberté, m’ôtèrent la force de le refuser ; je promis tout, et après avoir consulté la bourse du pèlerin, qui parut suffisante, nous déterminâmes notre marche pour les neuf jours que devait durer notre pèlerinage.

Avant le départ, il fallait bien se munir de quelques bagages ; mon compagnon de voyage me reconduisit à cent pas de la maison de la Dupré, et le rendez-vous fut donné pour une heure, au plus tard, sur la place Vendôme, parce qu’il lui fallait aussi le temps de faire quelques arrangements.

Il était midi sonné ; je monte à ma chambre ; mon paquet fait, je redescends, et sans être vue de personne, je cours au rendez-vous : le pèlerin arrive en même temps que moi ; nous nous rejoignons, et fouette cocher.

On ne doit pas s’attendre à de grands évènements dans une partie faite entre deux personnes qui ne veulent devoir leurs plaisirs qu’à eux-mêmes : aussi n’eut-elle rien de remarquable ; elle me procura seulement l’agrément de voir une grande partie des maisons de plaisance qui se trouvent dans les environs de la capitale.