Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
AMÉLIE

peuvent résulter, d’après l’exemple que je leur rapporte ; à mon égard, je me rappelle trop bien que quand on m’en fit user malgré moi chez Verneuil, j’aurais sacrifié, de bon cœur, au plaisir qu’il m’avait fait goûter dans son boudoir, toutes les prétendues voluptés qu’on avait essayées sur moi dans l’appartement de sa femme.

Je m’amusai beaucoup de ces singulières aventures avec la mère Dupré, et souvent depuis, dans nos parties de plaisir, j’égayais la conversation en les racontant.

Je ne finirais pas, si je voulais passer en revue toutes les aventures que le plaisir, l’usage, et même le dégoût m’ont fait rencontrer dans cette maison pendant les deux années que j’y suis restée ; mais comme elles n’ont varié que dans les accompagnements, et que le but en était toujours le même, je ne dois pas exposer le lecteur à l’ennui qui naîtrait à coup sûr de la monotonie des dénouements. La dernière cependant, quoique simple dans ses effets, doit être connue, puisqu’elle occasionna entre la Dupré et moi une rupture que mon désintéressement, dans toutes les occasions, aurait bien dû prévenir.

Un matin j’étais sortie seule pour aller prendre l’air aux boulevards. Je m’en revenais, lorsque je fis rencontre d’un jeune homme que j’avais vu chez la Dupré, dans les premiers temps que je demeurais chez elle, mais qu’elle