Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
AMÉLIE

suivait pas mon exemple, il m’obéit assez lentement.

Je ne sais pourquoi je lui demandai ce sacrifice, car il devait m’être assez indifférent qu’il fût nu ou habillé ; cependant, je présume que ce jour-là mon humeur libertine avait pris le dessus, et que je voulais profiter de l’occasion, pour jouir plus à mon aise du plaisir que je me promettais avec ce champion, dont la vigueur apparente m’avait séduite ; mais je fus bientôt détrompée, quand je m’aperçus que mes charmes n’avaient pas fait le moindre effet sur lui, quoiqu’il eût eu le temps de les considérer depuis que je les étalais à ses regards. Je m’approchai de lui, je lui fis les caresses dont le charme est inévitable ; rien n’opéra. Il s’aperçut de mon dépit, et tacha de se réconcilier avec moi par des baisers, que j’avais à peine le courage de recevoir, tant son piteux état m’avait inspiré de dégoût pour lui. Quand il me vit aussi froide que j’avais d’abord parue animée, il m’avoua, avec confusion, que pour forcer la nature d’agir en lui, il était réduit à employer des moyens violents ; qu’il avait fait usage des verges et des mouches cantharides, mais qu’elles lui avaient été d’un faible secours ; que ce n’était que depuis peu que le hasard lui avait fourni le véritable spécifique.

— J’avais, me dit-il, mal aux yeux depuis quelque temps ; on me conseilla de me faire