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AMÉLIE

je serais le plateau sur lequel on le lui présenterait.

Pendant qu’il se promenait ainsi, le valet de chambre prit une petite brosse douce et me frotta de miel partout le corps, depuis les pieds jusqu’au cou. Quand je fus bien barbouillée, ce domestique nous laissa. Le dogue de nouvelle espèce vint alors à moi, me lécha d’abord les pieds, puis les jambes, puis … ; enfin, aucune partie de mon corps, la tête exceptée, ne put échapper à sa langue, pas même les plus secrètes ; c’était là surtout qu’elle s’arrêtait avec plus de complaisance. Je conviendrai, de bonne foi, que cet attouchement nouveau me causa des sensations délicieuses, et m’aurait mise dans un état bien cruel, s’il n’eut pas procuré à son auteur le pouvoir d’apaiser les désirs qu’il avait fait naître en moi ; mais j’observai qu’à mesure qu’il léchait mon corps, le sien prenait de la consistance, dans un endroit que je perdais de vue le moins possible, et quand il crut son thermomètre au degré de chaleur convenable, il se débarrassa de son attirail bizarre et me conduisit sur une ottomane où, par des exploits dont je ne le croyais pas capable, il sut mériter le pardon de son goût ridicule.

Nous retournâmes ensuite à la salle des bains, où l’on nous apporta nos vêtements, que nous ne prîmes qu’après nous être bien rafraîchis. Je fis ensuite mes adieux à cet amant d’espèce nou-