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AMÉLIE

Nous n’y restâmes ensemble qu’environ huit jours ; après quoi Lebrun disparut, emportant tout l’argent qui nous restait, à l’exception de très peu de chose que j’avais dans ma poche. Un de ses amis qui avait été acteur dans la scène du curé, et que je rencontrai il y a quelque temps, m’apprit que Lebrun n’avait fait le voyage de Paris que pour rejoindre une jeune fille qu’il avait aimée pendant mon séjour au couvent, et que ses parents avaient envoyée chez une tante, pour l’éloigner, sans espoir, d’un jeune homme qu’ils ne jugeaient pas digne d’elle ; que mon aventure de Bruxelles lui ayant fourni l’occasion de se procurer de l’argent, il avait retrouvé cette belle qui l’aimait éperdument, et était parti avec elle, sans qu’il sût ce qu’ils étaient devenus.

Il est aisé de sentir l’embarras que j’éprouvai, quand Lebrun eut la lâcheté de m’abandonner. Je ne fus pas cependant très sensible à sa perte, parce que je n’avais pas eu le temps de m’attacher fortement à lui ; je trouvai d’ailleurs bientôt des motifs de consolation dans la connaissance que je fis d’une femme charmante, qui demeurait dans la même maison que moi, et à laquelle je dois le plaisir d’avoir fait celle de la bonne Dupré, que j’aime véritablement.

Ainsi finit le récit d’Antoinette.

Quelques jours après, nous retournâmes à Paris, où bien des gens devaient s’ennuyer de