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AMÉLIE

temps de méditer quelques projets dignes de l’offense, je remis au lendemain matin à en arrêter le plan.

Je n’avais pas beaucoup dormi ; je m’étais occupée de l’objet qui faisait mon tourment, sans avoir fixé une idée satisfaisante.

Lebrun revint, comme il l’avait promis, plus déterminé que jamais à tirer du curé une prompte vengeance. Il m’apprit qu’il avait conçu un excellent projet, dont la réussite lui était assurée, si nous pouvions trouver le moyen d’avoir ce prêtre en nos mains.

— Vous n’en serez point instruite d’avance, me dit-il, parce que je craindrais que vous n’y voulussiez pas consentir. Je préfère le parti que je prends à une dénonciation dont les suites, encore bien qu’elles lui attirassent beaucoup de désagréments, ne produirait pas tout l’effet que je me promets de mon stratagème. Attirons-le seulement ici, parce que nous y serons en sûreté, vu la disposition des lieux ; et quand l’expédition sera faite, je vous apprendrai encore un autre projet, dont l’exécution sera la suite indispensable du premier.

Il fut convenu que j’écrirais au curé un mot, pour l’engager à venir me voir le soir même ; ce que je fis sur-le-champ par le billet qui suit :


« Vous n’avez pas seulement, monsieur, daigné vous informer de moi : je ne m’aperçois