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VIII

quelquefois de vous avoir obéi. Chaque ligne que je relis, atteste mon déshonneur ; je crains que vous ne puissiez pardonner à votre amie les égarements d’un cœur trop tôt abandonné à lui-même ; et cette idée me fait frémir. Cependant, si je vous en crois, « Cette confiance, de ma part, m’est un titre de plus à votre amitié ; vous m’en saurez gré toute la vie ». Et je pourrais vous refuser ce que vous paraissez tant désirer ! Non, je n’en ai plus le courage. Mais, si vous exigez de moi tout ce que vous voulez, n’ai-je pas à mon tour le droit de demander que vous soyez seule dépositaire de mes faiblesses ? J’aurais trop à rougir, si quelque autre que vous les apprenait. Je compte assez sur l’indulgence de mon amie pour ne lui rien cacher ; mais je ne pourrais soutenir les regards d’un étranger qui aurait pénétré mes secrets.

Agréez donc l’esquisse que je vous envoie comme un monument de ma tendresse pour vous, et persuadez-vous bien qu’il n’y a qu’à l’amitié qu’on peut faire de si grands sacrifices.

Adieu, plaignez votre amie, et ne la méprisez pas.