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AMÉLIE

nir chez moi, s’il ne veut pas me forcer d’en instruire mon mari.

Furieux de se voir rebuté, il se promet bien de se venger, s’il ne peut réussir : rien ne lui coûtera pour en venir à ses fins ; cependant, il veut encore essayer de plaire, malgré le peu d’espérance qui lui reste ; il revient à la charge. Fatiguée de tant d’importunités, je m’en explique vivement avec lui ; et un jour qu’il était plus pressant qu’à l’ordinaire, je le congédie un peu rudement.

Lindner rentrait précisément comme cette dernière scène venait de finir : il rencontre, dans l’escalier, ce jeune homme, qu’il engage à remonter avec lui ; mais, en s’excusant, celui-ci eut l’air si troublé, que Lindner, qui s’en aperçut, ne réitéra pas ses instances.

Monté chez lui, il crut voir de l’altération sur mes traits ; il m’en demanda la cause, avec tout l’intérêt que je lui inspirais. Craignant de l’affliger, j’hésitai longtemps à satisfaire sa curiosité ; mais voyant qu’il se plaignait sérieusement du peu de confiance que je paraissais avoir en lui, et, jalouse de détourner jusqu’au moindre soupçon que pouvait faire naître la situation où je me trouvais, je lui avouai tout ce qui s’était passé, avec la candeur qui peint la vérité et la fait reconnaître.

Je n’avais jamais donné sujet à mon amant de soupçonner ma fidélité ; il n’eut donc pas de