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AMÉLIE

au premier hôtel, où nous demandâmes à coucher seulement pour une nuit, parce qu’il était trop tard pour nous présenter chez une parente, qui demeurait dans le Strand, à laquelle nous venions faire une visite de noces. Comme on croit aisément ce qui est vraisemblable, on nous donna une chambre et à souper, ce qui nous était très nécessaire, n’ayant pas mis pied à terre pendant toute la route, dans la crainte d’être arrêtés, si on nous poursuivait, et qu’on parvînt à nous rejoindre.

Après le souper, qui ne fut pas long, parce qu’on devine bien notre impatience, nous nous mîmes au lit, et malgré la fatigue du jour, la nuit fut témoin de notre bonheur. Amour ! pardonne, si je n’entreprends pas de décrire les plaisirs ravissants que tu m’as procurés cette nuit-là : hélas ! les malheurs qui les ont suivis, ont été si terribles, qu’ils en ont presque effacé le souvenir.

Le lendemain matin, Johnson se leva de bonne heure ; il fut louer, moyennant trois guinées par mois, un petit appartement garni, dans un quartier éloigné de celui où nous étions descendus, pour ne pas laisser de traces de notre fuite. Il revint après me chercher, et m’y conduisit dans une voiture de place.

Pour nous sauver l’embarras du ménage, auquel nous n’entendions pas grand’chose ni l’un ni l’autre, nous nous mîmes en pension