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AMÉLIE

nous entretenions de notre tendresse, quand trois cavaliers armés se présentent à nous, et nous demandent la bourse. Johnson était sans armes ; mais le dieu qui nous avait déjà protégés veillait encore sur nous, et ne nous abandonna pas dans cette fâcheuse circonstance. Mon amant leur représenta qu’il était sans argent ; que, demeurant à quatre pas de là, il allait à Glocester avec sa sœur, pour voir un parent qui nous avait demandés ; que d’ailleurs nous n’avions rien sur nous qui pût mériter leur attention. Comme la peur m’avait fait jeter quelques larmes, peut-être aussi qu’elles attendrirent ces messieurs, ils consentirent à nous laisser passer sans nous dévaliser.

Nous pouvions être alors à environ un mille de Glocester : la crainte d’une pareille rencontre nous fit doubler le pas, et bientôt nous arrivâmes. Johnson qui connaissait cette ville, me conduisit dans une hôtellerie, et pendant qu’on préparait le dîner, alla louer une voiture pour Londres : il donna ordre au postillon de venir nous prendre à l’instant, ce qu’il fit, et dès que nous eûmes dîné, nous nous mîmes en route.

De Glocester à Londres, il n’y a que vingt-huit lieues ; en payant bien les guides, ce voyage-là ne fut pas long : aussi, avant minuit, nous étions dans la capitale.

C’était la première fois que nous la voyions ; nous nous laissâmes conduire indifféremment