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AMÉLIE

curer. Il ne demande que la confiance et le consentement de sa maîtresse. Aurai-je la force de refuser quelque chose à l’objet que j’adore ? Non ; l’amour l’emporte sur mon devoir ; je promets tout : le baiser que j’imprime sur la bouche de mon amant est le garant de mon acquiescement à ses volontés.

Entraînée par ses douces persuasions, j’ai promis de revenir le lendemain, dans la matinée, à l’endroit où je viens de jurer que j’aimerai toujours, pour aller ensuite, loin de ma famille, serrer des nœuds que l’orgueil dédaigne, et que l’amour brûle de former. Il ne nous a fallu qu’un instant pour convenir de nos faits et renouveler nos serments de fidélité : mon amant, ivre de joie et d’espérance, m’a laissée sous la garde de l’Amour, et j’ai rejoint mes compagnes.

C’est en vain qu’on voudrait rendre l’effet des divers sentiments qui nous agitèrent : qui pourrait exprimer ce que l’espoir d’être bientôt unis nous fit éprouver de véritable plaisir, et ce que la crainte d’être découverts nous causa d’inquiétude ? Aussi le reste de la journée et la nuit toute entière furent employés de part et d’autre à s’affermir dans une résolution qui devait nous faire sortir de ce pénible état.

Chacun de son côté réunit l’argent et les bijoux qu’il avait à sa disposition. Le lendemain, vers neuf heures du matin, je profitai de l’instant où ma mère terminait un compte avec un de ses