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AMÉLIE

folâtrer, comme des enfants qu’on laisse en liberté, après les avoir longtemps occupés. En y rentrant un matin, après une longue promenade au dehors, nous nous assîmes sur un gazon qui entourait un large bassin, où une eau claire et renouvelée par une petite source, qui le traversait, laissait voir une quantité prodigieuse de poissons se jouer dans son sein. Après quelques folies faites en nous roulant sur l’herbe, j’amenai insensiblement la conversation sur le chapitre qui m’intéressait, et je fis part du désir que j’avais de leur entendre raconter leurs histoires. Elles ne se firent pas prier ; la seule restriction qu’elles mirent à leur complaisance, fut que je commencerais par la mienne.

J’avais trop envie de me satisfaire pour différer un instant de leur obéir : je leur fis donc le récit exact de tout ce qui m’était arrivé, jusqu’au moment où je les avais connues.

Quand j’eus fini, on me remercia beaucoup, en m’embrassant ; alors la belle Sophie prit la parole, et commença ainsi :