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AMÉLIE

bassiner mes plaies avec de l’eau fraîche, et à me mettre dans un négligé qui pût écarter le plus léger soupçon.

On me fit à table quelques questions sur le jeune homme auquel j’avais eu affaire ; tout ce que j’en racontai fut parfaitement à son avantage ; car, au fait, il n’avait eu aucune part aux outrages que j’avais reçus chez lui. La Dupré me demanda s’il m’avait promis de revenir, et quand nous le reverrions ; je répondis qu’à cet égard il ne s’était point expliqué ; et quoique je me sentisse du goût pour lui, je désirai, de bien bon cœur, qu’il ne revînt point. Je ne sais s’il fut instruit de la manière brutale dont on m’avait traitée ; je le présume au moins, car mon amour-propre me dit que je ne dois son éloignement qu’à l’aveu que lui en fit sa femme.

Pendant environ huit jours, je refusai, sous différents prétextes, toutes les parties qui m’étaient offertes. Je voulais attendre ma guérison entière, pour ne pas m’exposer aux plaisanteries que mes singulières blessures auraient pu m’attirer : je me contentai seulement de jouir des plaisirs qui faisaient le charme de notre petite société. Enfin, toutes les traces de ma honte disparurent ; je me trouvai bientôt en état de reprendre les exercices communs.

Dans l’intervalle de mon accident à ma guérison, plusieurs personnes, qui venaient habituellement chez la Dupré, lui avaient mis