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AMÉLIE

ou de m’asseoir. Je me laissai tomber le plus doucement que je pus sur le plancher, où je demeurai longtemps les yeux cachés par mes mains, trop humiliée de ce qui venait de m’arriver, pour oser les lever sur les objets de mon indignation.

Enfin, madame Verneuil, qui jusque-là s’était contentée de ma punition sans l’avoir rendue plus sévère, en m’accablant de reproches, m’adressa la parole, et du ton le plus méprisant, le plus injurieux :

— Apprenez, me dit-elle, que c’est ainsi que l’on punit les créatures de votre espèce, qui, sans respect pour les mœurs qu’elles outragent à chaque pas, vont semer la discorde et la désolation dans les familles. Je désire bien sincèrement que la leçon, que vous avez prise ici, vous soit utile pour l’avenir, et que vous ne soyez jamais tentée d’en mériter une seconde.

Après cette courte harangue, à laquelle je fus peut-être plus sensible qu’à la correction, elle sortit et me laissa livrée aux propos injurieux d’une valetaille insolente qui ne me ménagea pas.

Pour moi, je dévorais dans le silence la honte dont j’étais couverte, et je n’osais me lever pour m’en aller, parce que j’ignorais si j’étais à la fin du supplice que j’endurais : cependant, une de ces harpies me prit par un bras, et me soulevant de terre :