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AMÉLIE

faire trouver excellentes, je me débarrasse de ses bras, et je proteste hautement que je ne consentirai jamais à ce qu’il exige de moi.

— Ah ! ma petite amie, me dit-il, tu veux jouer la vertueuse en sortant du boudoir de Verneuil ! conviens avec moi, de bonne foi, que ce caprice est parfaitement ridicule, et puisqu’il faut employer la force, pour obtenir de toi ce que ta reconnaissance aurait peut-être dû m’offrir, tu vas voir si l’on a beau jeu quand on veut me refuser quelque chose.

Me faire cette douce observation, me prendre dans ses bras, et m’étendre sur le plancher, tout cela fut l’affaire d’un moment : le vigoureux compère, habile à profiter de ma chute, m’avait déjà mise hors d’état d’en détourner les inconvénients, que je n’avais pas encore eu le temps de m’y préparer. Ainsi, malgré mes prières et ma résistance, il fallut livrer une place qu’il n’était plus en mon pouvoir de défendre.

Quand ce perfide eut apaisé l’ardeur de ses feux, il m’offrit de me conduire hors de l’hôtel, pour qu’il ne m’arrivât rien. Il m’était plus permis que jamais de croire à sa parole, d’après ce qui venait de se passer, et je ne me doutais pas qu’une nouvelle trahison serait le prix de mes faveurs. Je le suivis donc, sans la moindre crainte. Il me fit entrer dans un salon dont il ferma, en dedans, la porte par laquelle nous étions entrés. Il courut ensuite à la porte oppo-