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AMÉLIE

j’avoue que cet excès de précaution me donna quelques inquiétudes sur les suites de cet événement ; et bientôt mes doutes se trouvèrent parfaitement éclaircis.

— Nous sommes seuls, me dit-il, ma chère amie, je viens de m’assurer que personne ne peut troubler nos plaisirs ; ainsi j’espère que tu ne refuseras rien à l’homme du monde qui t’aime le plus.

Et tout en s’exprimant ainsi, d’une main, le drôle fourrageait mes appas ; et de l’autre, il mettait en liberté le terrible argument auquel il me fallait répondre. Indignée de ce procédé, furieuse, je me lève et veux crier au secours, contre un attentat qui compromettait, en quelque sorte, la réputation que pouvait me donner les bonnes grâces de Verneuil.

— Prends garde, me dit-il, à ce que tu vas faire, ce parti violent que tu veux prendre te mène à ta ruine ; car en faisant du bruit, tu fais venir les domestiques de madame, et tu tombes infailliblement dans ses mains ; au lieu qu’en m’accordant, de bonne grâce, ce que je te demande, pour prix de ta complaisance, je te fais esquiver, sans qu’il t’arrive la moindre égratignure. Délibère donc promptement, et fais bien attention que le parti que je te propose est pour toi le plus sage.

Loin de me rendre aux raisons qu’il me donne, et qu’il a la présomption de vouloir me