Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
AMÉLIE

plus simple que sa conduite, et mon intention était de lui donner, en sortant, un des louis de Verneuil, pour le remercier de ses bons offices ; mais le drôle, qui avait sur moi des projets que j’étais éloignée de lui soupçonner, s’embarrassait fort peu de mon cadeau, et ne m’avait quittée un moment, que pour, d’un côté, s’assurer que Verneuil n’était plus dans l’hôtel, et de l’autre, tromper sa femme, pour avoir le temps d’en venir à ses fins.

Il n’y avait pas cinq minutes qu’il m’avait quittée, quand je le vis rentrer. Il posa sur la table une bougie qu’il avait apportée, et me dit qu’il lui était impossible de me faire sortir dans ce moment, parce que madame Verneuil avait aposté ses domestiques pour m’arrêter au passage, et qu’il savait qu’il n’était pas prudent de s’exposer aux effets de la jalousie d’une femme, qui employerait toute sorte de moyens pour se venger de ce qu’elle appelait un affront.

— Je vous ai conduite dans ma chambre, me dit-il ensuite, mademoiselle, pour que vous soyez plus en sûreté, parce qu’on ne se doutera pas que vous y êtes, et qu’on vous croira sortie, en ne vous trouvant pas dans l’appartement ; et pour plus de prudence, je vais fermer la porte à double tour, et mettre le verrou.

Il parlait encore, que tout cela était déjà fait.

J’avais eu beau me persuader jusque-là qu’il était dans les meilleures intentions à mon égard,