reste pas moins le fils de son peuple. La beauté, qui charme et captive le Grec, non point la beauté éternelle et sainte de l’Être universel dans sa divine manifestation, mais la beauté terrestre et sensible, devient aussi le but de la philosophie platonicienne, qui n’est plus, dit Staudenmaier, qu’une œuvre artistique, l’union brillante et parfaite de l’art et de la science. Mais, tout en prétendant fondre en unité harmonieuse les éléments de l’art et de la science, de la religion et de la politique, du mythe sensible et symbolique et de la pensée libre et abstraite, Platon ne parvient point à donner à sa doctrine cette unité que nous cherchons dans la philosophie et la religion. Son esprit plane dans la sphère infinie des idées, qu’il ne réussit point à saisir, à formuler, à déterminer nettement. Il ne dit rien de la manière dont les idées, qui meuvent la vie comme puissances spirituelles, se comportent, soit par rapport à la réalité, au fait, soit par rapport aux dieux eux-mêmes. Aussi, quoique Platon s’élève bien au-dessus des erreurs de son temps, qu’il soupçonne et proclame un Créateur qui a conscience de lui, un Dieu personnel qui dirige tout avec sagesse, il ne peut demeurer longtemps à cette hauteur, et son regard va bientôt se perdre dans cet avenir incertain dont il attend toute solution. Quant à la morale de Platon, pour en rappeler les misères, il n’y a qu’à citer la communauté des femmes qu’il voulait introduire dans sa république.
Aristote, de Stagire, en Macédoine (384-322), fonda l’école péripatéticienne, rejeta les idées de son maître Platon, et devint, par son enseignement empirique et dialectique, le philosophe de la raison. Il se borne aux étroites limites de ce monde, qu’il répute éternel et immuable, et circonscrit la science dans les notions qu’il tire du fini. Tout en admettant qu’une intelligence suprême domine l’universalité des êtres ou la nature, il pose des bornes à l’action de la Providence, à l’influence d’un Dieu personnel et sage, en même temps qu’à la liberté humaine, et sous ce double rapport il ébranle les bases de tout vrai système religieux. Sa doctrine morale, conforme à son point de vue empirique, est un pur Eudœmonisme. C’est l’utile et le convenable qui déterminent les moyens d’arriver au bonheur, et c’est par là qu’Aristote justifie l’esclavage. Il méconnaît tellement la