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l’Isaurien qu’avait séduit le fils de Paul, Génésius (Timothée). Plus tard elle retrouva un chef vigoureux dans Sergius (Tichichus, vers 777), personnage plein d’orgueil qui se disait la lumière, le guide du salut, le bon pasteur, et se fit adorer par ses disciples les plus intimes comme le Paraclet, qu’ils invoquaient en ajoutant à la fin de leurs prières : Que le Saint-Esprit ait pitié de nous ! De tels excès, des nouveautés si étranges divisèrent la secte et excitèrent d’ardentes discussions dans son sein. De sévères édits de l’empereur Michel Rhangabé [811-13], de Léon l’Arménien [813-20] et de l’impératrice Théodora [845] les firent rentrer dans l’Église catholique, après une abjuration expresse de leurs erreurs[1]. Ceux qui s’opiniâtrèrent subirent d’affreux supplices, et la secte fut ainsi presque entièrement détruite[2].

Coup d’œil rétrospectif.

Pour bien apprécier la prodigieuse influence de l’Église catholique sur l’empire gréco-romain durant cette époque,

  1. Formule d’abjuration dans Galland. Biblioth., t. XIV. p. 87 sq. : Exsecror et anathemate devoveo eos omnes qui dicunt corpus e malo principio prodiisse, et quæ mala sunt existere natura. Exsecror nugacem ac futilem Manetis fabulam, quum ait primum hominem nobis dissimilem formatum, etc. Exsecror eos qui dicunt Dominum nostram Jesum Christum specie tantum manifestatum fuisse, etc., qui Christum solem esse dicunt, et solem ac lunam cæteraque sidera venerantur. etc. Exsecror eos qui transmigrationem animarum statuunt, quam et animarum de vase in vas defusionem appellant, etc. Anathema iis qui sanctam Deiparam Mariam contumelia afficiunt, — qui a communione venerandi corporis et sanguinis Christi abhorrent, — quique baptismum aspernant, etc. »
  2. Les Hypsistariens en Cappadoce (ὑψίστῳ Θἐῷ προσκυνοῦντες), dont le père de Grégoire de Nazianze avait fait jadis partie, n’étaient pas, il est vrai, une secte chrétienne, mais c’étaient, selon Boehmer, les restes d’une religion primitive répandue en Asie, ou mieux, d’après Ullmann, un syncrétisme formé de judaïsme et de l’antique religion des Perses, ou bien, enfin, au milieu de la fermentation religieuse des premiers siècles chrétiens, l’essai d’une fusion des éléments chrétiens et païens. Les Massaliens ou Euphémites (θεοσεβεῖς, cœlicolæ) se rapprochaient des Hypsistariens ; négligeant toute autre divinité, ils n’adoraient que le seul Dominateur et l’honoraient soir et matin, dans des temples particuliers, par des chants et des