Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus différer essentiellement de l’Évangile. Aux yeux du philosophe, Christianisme et paganisme devaient être mis au même niveau, n’étant l’un et l’autre que des manifestations particulières de l’esprit humain. Dieu, disaient-ils, est d’autant plus honoré qu’il y a plus de diversité dans les formes religieuses des peuples, puisque cette diversité même devient le motif d’une sainte émulation et un vif aiguillon pour la piété des hommes.

Mais quand de la sphère philosophique ils en venaient aux faits positifs du Christianisme, alors ils l’attaquaient avec amertume et mauvaise foi, entassant sophismes sur sophismes, comparant le culte des martyrs et la vénération des reliques au culte abrogé des idoles, demandant pourquoi le Christ était venu si tard, puisqu’il devait révéler la religion absolue, et calomniant de toutes manières la vie et les sentiments politiques des chrétiens. Cependant, les adversaires de l’Évangile faisaient parfois entendre de dures vérités aux chrétiens, quand ils leur reprochaient d’abuser, malgré les conseils de leurs docteurs, de la force que le temps leur avait mise en main ; d’avoir fait cruellement périr, à Alexandrie, la docte Hypathie ; d’avoir poussé Justinien à fermer les écoles philosophiques d’Athènes [529] et forcé les philosophes, Damascius, Isidore et Simplicius à leur tête, de se réfugier en Perse, pour y enseigner librement leur doctrine. « Vos lois religieuses, écrivait Libanius à cette occasion, condamnent la violence, elles prêchent la persuasion, dit-on, et blâment la contrainte. D’où vient donc votre aveugle fureur contre les temples ? Les détruire, comme vous faites, c’est employer la force et non la persuasion, c’est violer manifestement les propres lois de votre religion. »

Ces fausses interprétations, ces altérations perfides du Christianisme suscitèrent d’admirables apologistes. Venez, disait Ambroise, réfutant cet éclectisme religieux et l’orgueil de la science humaine, et apprenez sur la terre la vie du Ciel. Nous sommes sur la terre, mais nous vivons dans le Ciel. C’est le Dieu qui m’a créé qui m’apprendra les secrets de la vie céleste, et non l’homme, qui ne se connaît pas lui-même. Alors on vit prendre la plume, pour défendre la vérité, pour réfuter, dévoiler la vanité du paganisme, les deux