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on défendit les sacrifices sanglants offerts la nuit[1] ; on usa de violence, si bien que le paganisme disparut peu à peu des villes et ne se conserva plus que dans les campagnes (paganus, paganismus). Valens persécuta surtout les anciens favoris de Julien, les sophistes, les rhéteurs et les païens, les chiromanciens et les magiciens comme coupables de haute trahison. Sous Gratien [375-83], fils de Valentinien, qui rejeta le titre de souverain pontife (pontifex maximus), on enleva l’autel de la Victoire de la salle du Sénat, on priva les temples de leurs biens et de leurs priviléges[2], et les efforts des païens pour les reconquérir, sous Gratien et Valentinien II, son successeur, furent déjoués par les représentations d’Ambroise, évêque de Milan.

§ 101. — Sous Théodose le Grand.
Jan. Stuffken, Diss. de Theod. Max. in rem christianam meritis. Lugd. Bat., 1828. Fléchier, Hist. de Théodose le Grand. Paris, nouvelle édit. 1776. Cf. Rüdiger, I. cit., p. 47 sq. Augustin. de Civit. Dei, V, 26.

Théodose, qui régna d’abord en Orient [depuis 379], et devint ensuite seul maître de tout l’empire [392-95], contribua de la manière la plus décisive à l’entière ruine du paganisme. Il permit encore, il est vrai, au commencement de son règne, les libations aux dieux ; il fit même ouvrir les temples ; mais, dès 381, année du second concile œcuménique de Constantinople, il défendit l’apostasie des chrétiens[3], et les sacrifices dans lesquels on consultait l’avenir par les entrailles des victimes. Les temples, parfois violemment détruits à l’instigation de moines peu éclairés, ne furent plus protégés par la loi, et l’apologie qu’en présenta Libanius resta sans effet. Bientôt après [392], Théodose, confirmant rigoureusement l’édit de Valentinien

  1. Liban, Ὑπἑρ τῶν ἱερῶν (Opp. ed. Reiske, t. II) ; Theodoret. Hist. eccles, IX, 24 ; V, 21.
  2. Auson. Gratiar. actio ad Gratian. c. 10, 12 ; Zosim. IV, 36 ; Codex Theodos. XVI, 10. 20. Cf. Tillemont., t. VII, p. 322 sq.
  3. Cod. Theod. XVI, 7, 1 : « His qui ex christianis pagani facti sunt, eripiatur facultas jusque testandi, etc. » Cf. XVI, 10, 7.