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mêmes, qui, en voyant ses innombrables sacrifices de taureaux, souhaitèrent, pour le bonheur de la race des bêtes à cornes, que l’empereur ne revînt pas victorieux de la guerre des Perses[1]. Il y succomba en effet, à l’âge de trente-deux ans [363], en s’écriant Galiléen, tu as vaincu[2] ! La persécution dirigée par ce prince contre le Christiannisme tourna à son profit, en éloignant de son sein les chrétiens qui n’en avaient que le nom ; elle n’avait excité d’ailleurs qu’un bien faible intérêt en faveur du paganisme expirant.

§ 100. — L’Église sous Jovinien et ses successeurs.

Avec Julien s’éteignit le dernier rejeton de la nombreuse famille de Constantin. L’armée élut pour successeur à l’empire Jovinien. Tout dévoué qu’il était au Christianisme, il se crut obligé, durant la courte durée de son règne [†364], en voyant les dispositions produites par le règne précédent, de promulguer la liberté religieuse universelle[3], ou plutôt il pensa, en adoptant une sorte d’indifférence à l’égard du paganisme, en venir plus facilement à bout. Les vrais sentiments de l’empereur, qui n’étaient un mystère[4] pour personne, encouragèrent les chrétiens à redemander les priviléges qu’ils avaient perdus sous Julien. La liberté religieuse, proclamée par Jovinien, fut maintenue sous les empereurs Valentinien Ier en Occident [†375][5], Valens, en Orient [†378][6]. Valentinien, tout en prétendant laisser chacun libre d’adorer Dieu à sa manière, ne fut pas toujours fidèle à ce principe. Malgré la tolérance promise,

  1. Amm. Marcell. XXV, 4. Præsagiorum sciscitationi nimiæ deditus, superstitionis magis quam sacrorum legitimus observator,innumeras sine parcimonia pecudes mactans, ut æstimaretur si revertisset de Parthis, boves jam defecturos.
  2. D’après une tradition dans Sozom. Hist. eccles. VI, 2 ; Theodoret. Hist. eccles. III, 21 et 25.
  3. Socrat. III, 24, 25 ; Themist. Or. circul. ad Jovian. ed. Petav., p. 278.
  4. Sozom. VI, 3. Cf. Theodoret. Hist. eccles. IV, 4, 19.
  5. Cod. Theodos. IV, 16, 9 (ann. 371).
  6. Themist. Or. ad Valent. de religion., seulement en latin, ed. Petav., p. 499.