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d’ailleurs à l’esprit du Christianisme pour pouvoir dominer les discussions dogmatiques de l’époque, il demeura longtemps incertain et flottant dans ses doctrines religieuses, tour à tour plein d’enthousiasme pour l’Évangile et pour le paganisme[1]. Au moment où il monta sur le trône [361], il se déclara positivement pour le paganisme[2], dont il ne conserva que le nom, et ne fit en somme, malgré tous ses efforts pour le spiritualiser, qu’une copie monstrueuse et abominable du Christianisme[3].

En restituant au paganisme ses droits et ses priviléges anciens, il espérait rendre à l’empire romain son ancienne splendeur et une vie nouvelle. Il retira peu à peu aux chrétiens les faveurs dont ils jouissaient, les distributions annuelles de blé, les droits de juridiction et l’exemption des charges publiques dont jouissaient les ecclésiastiques ; il défendit aux chrétiens de tenir des écoles et d’expliquer les auteurs anciens[4].

En permettant aux évêques exilés par Constance de revenir dans leurs diocèses, il avait le perfide espoir d’augmenter ainsi la confusion parmi les chrétiens[5] et de les voir se détruire plus promptement les uns par les autres. Frustré dans son espérance, il eut recours à la violence. À Antioche, il fit jeter au vent les reliques du saint martyr

  1. Julian. ep. 38 ; Liban. Or. X.
  2. Amm. Marcel XXII, 5 ; Sozom. V, 3.
  3. Julian. ep. 49, 52 ; Greg. Nazianz. Or. III ; Sozom. V, 16.
  4. Julian. ep. 42 ; Socrat. III, 12-13, 16, 22 ; IV, 1 ; Sozom. V, 18 ; Theodoret. Hist. eccles. III, 6, 16, 17. — August. de Civit. Dei, XVIII, 52 : « An ipse non est ecclesiam persecutus, qui (Julianus) christianos liberales litteras docere ac discere vetuit. » — Amm. Marcell. XXII, 10, lui-même dit « Illud autem erat inclemens, obruendum perenni silentio, quod arcebat docere magistros rhetoricos et grammaticos, ritus chriatiani cultores. » P. 324. Cf. XXV, 4.
  5. Cf. le perfide début de Julien dans Amm. Marcell. XXII, 5 : « Utque dispositorum roboraret effectum, dissidentes christianorum antistites cum plebe discissa in palatium intromissos monebat, ut civilibus discordiis consopitis quisque nullo vetante religioni suœ serviret intrepidus. Quod agebat ideo obstinate ut, dissentiones augente licentia, non timeret unanimantem postea plebem : nullas infestas hominihus bestias, ut sunt sibi ferales plerique christianorum, expertus. Sæpe dictitabat : Audite me, quem Alemanni audierunt et Franci, etc. » P. 301 sq.