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l’Empereur Julien et son siècle. Leipzig, 1812. Van Herwerden, de Juliano imperat. relig. christ. noste eodemque vindice. Lugd. Bat., 1827. Stolberg, P. XI, p. 316-437. Katerkamp, Hist. eccl., t. II, p. 257-92. Wiggers, Julien l’Apostat.

Dans un savant ouvrage, Néander s’est imposé pour mission de mettre d’accord tout ce que la conduite de Julien offre de décousu et même d’énigmatique, en l’attribuant à son éducation et aux vues religieuses ou politiques qui en furent la suite, ainsi qu’à la transformation subie par le polythéisme, immédiatement avant sa chute définitive. Sans doute, le malheur que, jeune encore, Julien eut de perdre sa mère, et de voir tuer, les uns après les autres, son père et ses plus proches parents, mis à mort d’après les ordres de Constance, selon la croyance générale, fit sur son âme une impression qui augmenta avec les années. Tandis que, selon les intentions de Constance, Julien devait être élevé dans la retraite et n’être familiarisé qu’avec les principes du Christianisme[1], un vieux pédagogue de sa famille maternelle, nommé Mardonius, chercha à exciter son enthousiasme pour les héros imaginaires d’Homère et à nourrir tous ses penchants pour le monde et la nature. Quoique soigneusement éloigné de tout rapport avec le rhéteur païen Libanius, il sut se procurer ses leçons ; et le néoplatonicien Maxime parvint, en spiritualisant la doctrine païenne, à augmenter encore la prédilection qu’elle avait inspirée à Julien[2]. Resté, après le meurtre de son frère Gallus [354], l’unique rejeton de la maison impériale, et devenu, par l’âge avancé de Constance, le soleil levant de la cour, ce jeune prince avait attiré l’attention des partisans du paganisme qui cherchèrent à l’influencer de toutes manières, surtout durant son séjour à Athènes. C’est là que Grégoire de Nazianze, étudiant avec lui, s’était prophétiquement écrié : Quel monstre l’empire romain élève dans son sein ! Le futur empereur se pavanait, avec une puérile vanité, dans le manteau du philosophe. Trop peu initié

  1. Amm. Marcell. XXII, 9 ; Sozom. V, 3 ; Greg. Nazianz. Or, III ; Liban. Or. V, XII. Amm. Marc. XXIV, 4, désigne Julien comme : vir profecto heroicis connumerandus ingeniis.
  2. Eumap. Vitæ sophist. p. 86 ; Socrat. III, 1 ; Sozom. V, 2 ; Liban. Or. V.