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à l’exemple de son père, il s’entoura d’un grand nombre de chrétiens qui lui étaient chers, sans cependant éloigner tout à fait les païens de sa personne. Si, d’un côté, il ordonnait de rebâtir les églises chrétiennes ruinées durant la persécution, de l’autre il ne laissait point s’écrouler les temples païens et prenait part encore à leurs sacrifices. Il ne fit sentir une prédilection marquée pour le Christianisme qu’après avoir été fortifié dans sa foi, et surtout après la victoire définitive remportée sur Licinius [324] ; car cette lutte avec son ancien collègue prit tout le caractère d’une guerre de religion, Licinius ne livrant point bataille sans immoler aux dieux et invoquer leur colère contre les chrétiens, et Constantin, de son côté, ayant déployé la croix comme la bannière de son armée[1]. Une longue série de lois fit preuve des dispositions favorables de Constantin, celle surtout qu’il promulgua lorsqu’il devint [323] seul maître de l’empire. Il excita, par diverses faveurs, toutes les provinces à adopter le Christianisme[2] : dans un édit ordonnant un impôt universel, il en exempta l’Église catholique, privilége qui ne fut point accordé aux temples païens[3]. Dès l’an 324, il avait ordonné, par divers édits, la paisible célébration du dimanche, autorisé l’Église à accepter des dons et des legs[4], abrogé la peine du crucifiement, défendu de mutiler le visage de l’homme, fait à l’image de Dieu[5], aboli les combats sanglants des gladiateurs[6].

Déjà même, en 316, en ordonnant que les esclaves, affranchis en face de l’Église par les membres du clergé, se-

  1. Les prêtres païens, cherchant à tromper Licinius, lui désignaient les chrétiens comme les secrets amis de Constantin. Il fut ainsi poussé à porter contre eux des lois sévères et à faire répandre leur sang en plusieurs circonstances. Euseb. Hist. eccles. X, 8 ; Vita Const, I, 51 sq. ; II, 1 sq.
  2. Euseb. Vita Const. Max. II, 24-42, 48-60. Cf. IV, 29, 32, 55 ; et III, 2.
  3. Codex Theodos. lib. XI, tit. I, lex. 1.
  4. Codex Theodos. II, 8, 1 ; Euseb. Vita Const. Max. IV, 18, sur les testaments pour l’Église ; Codex Theodos. XVI, 2, 4.
  5. Codex Theodos. IX, 5, 1. Cf. IX, 18, 1, et Victor, le plus ancien épitome, c. 41 ; Codex Theodos. IX, 40, 2.
  6. Codex Theodos. XV, 11, 1.