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parce que nous avons tout en commun, excepté les femmes, et que vous n’avez en commun qu’elles seules ! »

« L’œuvre du Christ (dit enfin Origène[1], pour compléter ce tableau caractéristique) éclate dans toute l’humanité. Pas une communauté chrétienne dont les membres n’aient été arrachés à mille vices, à mille passions ; et chaque jour le nom de Jésus engendre une merveilleuse douceur, une incomparable charité, dans le cœur de ceux qui admettent l’Évangile franchement, et non dans des vues intéressées et par des voies hypocrites. » Et personne ne pouvait contredire Origène, quand il s’écriait, comme parlant d’un fait connu du monde entier : « Comparés aux païens de leur temps, les disciples du Christ brillent comme des flambeaux dans l’univers. »

À cette douceur, à cet amour de la paix, à cette pureté de mœurs, à cette chasteté virginale, ajoutons le courage héroïque que montraient les chrétiens dans les persécutions, et nous pourrons dire avec Cyprien[2] : « Oh ! bien heureuse Église, qu’illumine la gloire du Seigneur, que glorifie de nos jours le courage des martyrs ! Les lis et les roses brillent dans ta couronne, car tu es blanche comme l’innocence, pure comme l’amour, et le sang des martyrs te rend plus éclatante que la pourpre ! » Les chrétiens en se marquant, dans chacune de leurs actions, du signe de la Rédemption, donnaient une preuve permanente de leurs pensées saintes et sérieuses sur la mort et la résurrection[3]. Que si parfois quelques membres isolés de l’Église chrétienne montrèrent une sévérité peu éclairée, une austérité exagérée ; si on les voit défendre de couronner de fleurs la tête d’un mort bien-aimé[4] ; rejeter tout

  1. Origen. Contra Cels. I, 67 ; III, 29.
  2. Cyprian. ep. 8 (ad martyres et confessores), p. 46.
  3. Ad omnem progressum, dit Tertullien, atque promotum, ad omnem aditum et exitum, ad vestitum et calceatum, ad lavacra, ad mensas, ad lumina, ad cubilia, ad sedilia, quacunque nos conversatio exercet, frontem crucis signaculo terimus. » (De Cor. militis, c. 8.)
  4. Coronas etiam sepulcris denegatis, — reproche que Cæcilius fait aux chrétiens, et Octavius répond : « Sans doute nous ne couronnons point les morts : quum beatus non egeat, miser non gaudeat floribus. » Minut. Felicis Octav. c. 13 (Galland. Biblioth., t. II, p. 387 sq.).