suprême, par l’onction sacramentelle[1], soutenir et fortifier le chrétien agonisant. On ne brûlait plus, comme dans le paganisme, la dépouille mortelle de l’homme ; mais on la rendait à la terre, au milieu des prières et des chants de la liturgie, comme les restes d’un temple qui avait servi de séjour au Saint-Esprit, et qui, un jour, devait se relever glorieux du tombeau et prendre une vie nouvelle[2]. Dans beaucoup d’endroits on choisissait les catacombes comme lieu de sépulture, pour les martyrs, afin de soutenir la foi de ceux qui militaient encore par leur union avec ceux qui avaient triomphé dans la foi. La commémoration annuelle des morts conservait les rapports entre les vivants et ceux qui n’étaient plus de ce monde. Et les chrétiens prouvaient ainsi, en toutes circonstances, qu’ils ne considéraient la mort que comme le dernier ennemi qui reste à vaincre, après que tous les autres sont vaincus[3], comme le passage à une vie meilleure, comme la condition de l’union définitive avec le Christ et, par conséquent, comme un gain véritable[4].
§ 95. — Vie religieuse et morale des chrétiens.
D’après ce que nous venons de voir, nous pouvons apprécier en général la moralité et la piété des chrétiens. Il
- ↑ Origen. in Levit. homil. II, n. 4 (Opp. t. II, p. 191).
- ↑ Clem. Roman, ep. ad Corinth. c. 24 sq. ; Justin. Apolog. I, c. 19 ; Athenag. de Resurrect. Tatiani or., c. 6 ; Tertull. Apolog. c. 48, et dans les divers symboles de foi : dans Iren. Contra hæres. I. 10 ; Tertull. de Præscript. c. 13. Cf. surtout Minut. Felicis Octavius, c. 34 : « Corpus omne, sive arescit in pulverem, sive in humorem solvitur, vel in cinerem comprimitur. vel in nidorem tenuatur, subducitur nobis ; sed Deo elementorum custodi reservatur. Nec, ut creditis, ullum damnum sepulturæ timemus, sed veterem et meliorem consuetudinem humandi frequentamus, Vide adeo quam in solatium nostri resurrectionem futuram omnis natura meditetur. (Galland. Biblioth., t. II, p. 401.) Cf. Cicero, de Legib. II, 22 : « Mihi quidem antiquissimum sepulturæ genus id videtur, quod apud Xenophontem Cyrus utitur : — redditur enim terrœ corpus et ita locatum ac situm, quasi operimento matris obducitur. » Baudri, la Sépult. chrét. dans la gaz. scient. et art. de Dieringer. 1845 ; Lüft, Liturgie, t. I, p. 332 sq. « Sépulture » dans le Dict. eccl. de Frib., t. I, p. 731.
- ↑ 1 Cor. XV, 26. Conf. Heb. V, 7. Luc. XXII, 42.
- ↑ Phil. I, 21.