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ment du commerce du monde (ἀσκηται, continentes, σπουδαῖοι, ἐκλεκτῶν ἐκλεκτότεροι). Ceux-là, pour la plupart, ne se mariaient point[1]. Quoique l’on puisse trouver quelques pratiques de mortification analogues chez certains philosophes de la Grèce, les motifs de ces derniers différaient entièrement de ceux des chrétiens. Le véritable ascétisme n’a pris naissance qu’avec et par l’Évangile. Ce fut surtout au IIIe siècle, au milieu des persécutions de Dèce, que des esprits furent poussés dans cette voie sérieuse et austère. L’Égypte en vit les premiers exemples. Parmi la foule de ceux qui, fuyant le danger, se réfugiaient dans les déserts, se trouvèrent les ascètes, auxquels la solitude devint si chère, par le commerce non interrompu dans lequel ils purent y vivre avec Dieu, qu’ils ne retournèrent plus dans le monde. On les nomma anachorètes (ἀναχωρεταί, ἐρεημῖται). Saint Paul de Thèbes[2] [né vers 228] passe pour le premier d’entre eux. Jeune encore, et fuyant la persécution de Dèce, il s’était retiré dans la grotte d’une montagne solitaire, dont les palmiers lui fournissaient tout ensemble le vêtement et la nourriture. Il vécut ainsi inconnu au monde durant quatre-vingt-dix ans ; peu avant sa mort [340], il fut découvert par saint Antoine, qui devint le vrai fondateur de la vie cénobitique. Sa merveilleuse histoire, écrite durant la période suivante par le grand saint Athanase, resta pour toute la postérité le parfait modèle du cénobitisme. Les apologistes chrétiens sentirent quelle gloire rejaillissait sur l’Église de cette vie héroïque de mortification et d’abstinence ; ils rendirent le monde attentif à la force que le Christianisme était capable d’inspirer à un siècle plongé dans l’énervant esclavage du péché et de la sensualité.

Quand les chrétiens étaient malades, sur le point de mourir, on appelait, conformément à la recommandation de l’Apôtre, les prêtres[3], qui venaient durant l’épreuve

  1. Athénagore dit que la continence des ascètes repose sur l’espoir qu’ils ont de s’unir par là plus étroitement avec Dieu (cf. 1 Cor. VII, 35) et Clem. d’Alex. Stromat. III, 15, célèbre déjà cette chasteté par ses louanges : Ὁ κατὰ πρόθεσιν εὐνουχίας ὁμολογήσας μὴ γῆμαι, ἅγαμος διαμετέτω.
  2. Hieronym. Vita S. Pauli eremitæ (Hieron. Opp. ed. Vallarsi, t. XI, p. 1-14).
  3. Jacq. V, 14.