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celui de la descente du Saint-Esprit[1]. Dès le IIe siècle on voit l’Église d’Orient célébrer l’Épiphanie (6 janvier), en mémoire de la manifestation du Messie comme Sauveur du monde, aux eaux du Jourdain (ἐπιφάνεια), et de son entrée dans la vie publique, comme Maître divin, thaumaturge à Cana (θεοῳφάνεια). Cette solennité passa avec un sens différent dans les Églises d’Occident, vers le IVe siècle, comme fête de la révélation du Messie au monde païen, représenté par les trois mages de l’Orient. Nous trouvons également à cette époque des traces de la fête de la Nativité. On se disposait à cette solennité suprême par une nuit préparatoire (vigilia). Enfin, comme nous l’avons marqué plus haut, les chrétiens célébraient, sur le tombeau même des martyrs, l’anniversaire de leur mort, comme le jour de leur triomphe et de leur véritable naissance (natalitia). La plus ancienne fête de martyrs est celle des saints Innocents de Bethléem (flores martyrum, festum Innocentium).

Les assemblées de chrétiens eurent lieu d’abord dans des maisons particulières. Les bois, les cavernes, toute retraite sûre, leur seraient de point de réunion, durant les persécutions : plus tard ils se servirent des catacombes, que d’espace en espace ils agrandirent pour pouvoir y célébrer les saints mystères et dont ils ornèrent les parois de peintures sacrées ; car toute la terre, disaient les docteurs de l’Église, est le temple de Dieu. On se rassemblait encore dans les prisons, autour des tombeaux des martyrs, sur lesquels s’élevèrent les premières chapelles. Il ne faut point prendre à la lettre l’assertion des apologistes du Christianisme, disant que les chrétiens n’avaient ni temples ni autels. Ils entendaient par là qu’il n’y avait point dans le Christianisme, comme chez les Juifs et les païens, de temple où l’on crût que Dieu fût exclusivement présent. D’irrécusables témoignages prouvent qu’au IIIe siècle on a élevé beaucoup de chapelles et de temples chrétiens. Ce fut, d’après Eusèbe, dans l’intervalle paisible de la persécution de Va-

  1. Conc. Illiberit. can. 43 : Pravam institutionem emendari placuit juxta auctoritatem Scripturarum, ut cuncti diem Pentecostes post Pascha celebremus, non quadragesimam, nisi quinquagesimam. Qui non fecerit, novam hærosin induxisse notetur (Mansi, t. II, p. 13 ; Harduin, t. I, p. 25.