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devoir appuyer ses instances de la menace de l’excommunication. Les évêques d’Orient, Polycrates d’Éphèse à leur tête, s’appuyant sur la tradition des apôtres saint Jean et saint Philippe, et de saint Polycarpe, furent blessés de la conduite passionnée de Victor qui, de son côté, invoquait la tradition de Pierre, et, avec plusieurs autres Églises d’Orient, celle de Paul. Victor excommunia tous les dissidents. Mais cette mesure parut trop sévère dans la circonstance, et elle fut désapprouvée, même par les évêques d’Orient qui partageaient l’opinion de Victor. Alors intervint, comme médiateur, l’évêque de Lyon, saint Irénée, qui représenta, avec une douce autorité, que la paix ne devait point être troublée pour une divergence qui ne portait point sur le dogme, et épargna ainsi à l’Église les douleurs d’un schisme complet. Le concile d’Arles [344] et, plus pleinement encore, celui de Nicée [325] confirmèrent l’opinion généralement favorable à l’usage de Rome. Quelques adversaires opiniâtres furent traités comme hérétiques et nommés comme les Ébionites (quartodécimans). Le ton vif et passionné de Victor peut trouver son excuse en ce que cette controverse devait affranchir le Christianisme du joug des pratiques judaïques et arrêter à tout jamais leur influence.

Les cinquante jours qui suivaient Pâques (πεντηκοστή) étaient, à proprement parler, une fête subsidiaire et continuelle, durant laquelle, en l’honneur du Christ ressuscité et glorifié, on célébrait tous les jours solennellement le service divin, sans jeûne et en priant debout, en mémoire de la Résurrection. Le cinquantième jour, anniversaire pour les Juifs de la promulgation de la loi au Sinaï et fête des prémices de la moisson, était pour les chrétiens le solennel anniversaire de la descente du Saint-Esprit et de l’établissement de son Église, et la preuve vivante de la glorification du Christ. Il est probable que, durant cette période déjà, au quarantième jour entre Pâques et Pentecôte, on célébrait la fête de l’Ascension (ἑορτὴ τῆς ἀναλήψεως ou ἐπισωβομένη) au moins en Occident, parce que saint Augustin l’appelle une des plus anciennes fêtes. Á la fin de cette même période, la fête des cinquante jours était déjà restreinte au jour propre de l’ascension du Seigneur et à