Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gesima[1], et durant lequel on ne mangeait rien jusqu’au coucher du soleil, sauf le dimanche. Cependant ce jeune rigoureux et complet n’était observé par beaucoup de chrétiens qu’une fois ou trois fois durant la semaine[2]. Les plus anciennes fêtes annuelles étaient la Pâque et la Pentecôte : le Christ crucifié et glorifié, c’est tout le Christianisme[3] ; l’imitation du Christ souffrant et ressuscité est l’idée mère qui explique et féconde toute la vie du chrétien[4]. La Pâque chrétienne comprenait primitivement deux parties principales : la célébration de la mort de Jésus (πάσχα σταυρώσιμον) et de sa résurrection (πάσχα ἀναστάσιμον). La première discussion importante qui s’éleva dans l’Église eut pour objet l’époque précise de la Pâque[5]. C’étaient les chrétiens nés juifs qui avaient soulevé la difficulté. Aussi les opinions exagérées et les opinions modérées des judaïsants furent immédiatement en présence. Le parti sévère et hérétique des Ébionites, prétendant en général que la loi mosaïque était obligatoire, soutenait par là même

    pessimis, noli contingere panes furtivos perversæ doctrinæ. Non concupiscas fallaces philosophiæ cibos, qui te a veritate seducant. Tale jejunium Deo placet. » (T. II, p. 246.)

  1. Matth. IV, 2.
  2. Iren. dans Euseb. Hist. eccles. X, 24 : « Sed etiam de forma ipsa jejunii controversia est : alii duobus, alii pluribus ; nonnulli etiam quadraginta horis diurnis ac nocturnis computatis diem suum metiuntur. Atque hæc in observando jejunio varietas non nostra primum ætate nata est, sed longe antea apud majores nostros cœpit, etc. »
  3. 1 Cor. XV, 3-4 ; Rom. IV, 25.
  4. Leo Max. sermo 64, c. I : « Omnia quidem tempora christianorum sacramento dominicœ passionis et resurrectionis exercent, neque ullum religionis nostræ officium est, quo non tam mundi reconciliatio quam humanæ in Christo natura assumptio celebretur. » (Opp. ed. Ballerini. Venet., 1753, t. I, p. 247.)
  5. Tous les partis tenaient à l’expression de l’A. T. « Pascha, » qui ne rappelait spécialement que le passage de l’ange exterminateur dans l’Exode, XII, 21 et 27: car פַּסְתָא est la forme aramaïque de פֵּסַא c’est-à-dire passage ; et dans ce sens les chrétiens pouvaient s’en servir pour nommer leur fête de la délivrance du joug du péché (du joug de l’Égypte prise figurément). Euseb. Hist. eccles. V, 23-25 ; Id. Vita Constant. Max. III, 18 ; Socrat. Hist. eccles. V, 21 ; Walch, Hist. des hérésies, P. I. 666-685 ; Rettberg, Dispute sur la Pâque (Illgen, Revue théol., 1832, t. II, p. 2).