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manière le dogme de la transsubstantiation et de la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, avant la communion[1]. Le silence mystérieux que gardaient les chrétiens, devant les païens, et même devant les catéchumènes, et cela pour de graves motifs[2], sur les pratiques et les formes de ce sacrement, prouve si bien leur foi au mystère eucharistique, qu’on reprochait aux Marcionites de ne pas observer la discipline du secret, qu’on éloignait de la célébration de ce mystère les catéchumènes[3], et qu’enfin les païens accusaient les chrétiens de faire des repas sanglants à l’instar de Thyeste[4] (άνθρωποφαγἰα). Saint Ignace, s’appuyant sur les textes positifs du Nouveau Testament[5], nommait l’Eucharistie un sacrifice

    θέντος Ἰησοῦ καὶ σάρκα καὶ αἶμα ἐδιδάχθημεν εἶναι. Οἱ γὰρ ἀπόστολοι ἐν τοῖς γενομένοις ὑπ' αὐτῶν ἀπομνημονεόμασιν, ἅ καλεῖται εὐαγγέλια, οὓτως παρέδωκαν ἐντετάλθαι αὐτοῖς τὸν Ἱησοῦν, λάβοντα ἄρτον, εὐχαριστήσαντα εἰπεῖν· Τοῦτο ποιεῖτε εἰς τὴν ἀνάμνησιν μου, κ. τ. λ.

  1. L’abbé Pitra déchiffra le premier cette inscription (Annales de philosophie chrét., 1840. N. 111), puis le jésuite G. Secchi, Rome, 1840, et J. Frantz, prof. à Berlin (Éclairc. sur le monum. chrét. découv. à Autun, Berlin, 1840). Leurs travaux ont contaté, entre autres, ces paroles qui nous intéressent en ce moment : « Nourris ton âme, ô ami ! reçois la nourriture plus douce que le miel du Sauveur des saints ; mange et bois, tenant en tes mains le poisson (c’est-à-dire le Sauveur). » Il faut se souvenir ici que, d’après l’antique discipline, les communiants recevaient le corps du Christ dans leurs mains.
  2. Matth. VII, 6 ; 1 Cor. III, 2 ; Héb. V, 12, 14.
  3. Cette institution est aussi éloigné des mystères païens que des usages des prosélytes juifs. Schelstrate, Diss. de discipl. arcani Romæ, 1685 ; Scholliner, Dissert. de disc. arcani. Ven., 1756 ; Toklot, de Disc. arc. Col., 1836 ; Rothe, de Disc. arcan. quæ dicitur in Eccl. christ. orig. comment. acad. Heidelb., 1831. Cf. Lüft, Liturgie, t. I, p. 104-106.
  4. Athenag. Legatio p. Chris., c. 3. (Galland. Biblioth., t. III, p. 5.) Voy. pour les fourberies du gnost. Marcus dans l’Eucharistie, Iren. Contra, hær. I, 13, n. 2, p. 60.
  5. Nous renvoyons surtout à Hebr. VII, 27 : Τοῦτο γὰρ (θυσίαν ἀναφέρειν) ἐποίησεν (Ἰησοῦς ὁ ἀρχιερεὺς) ἐφάπαξ ἑαυτὸν ἀνενέγκας.. IX, 26 :Νῦν δὲ ἅπαξ ἐπὶ συντελείᾳ τῶν αἰώνων εἰς ἀθέτησιν ἁμαρτίας, διὰ τῆς θυσίας αὑτοῦ πεφανέρωται.. X, 10 : Ἡγιασμένοι ἐσμὲν διὰ τῆς προσφορᾶς τοῦ σώματος τοῦ Ἰησοῦ Χριστοῦ. XIII, 10 : Ἐχομεν θυσιαστηριον, ἐξ οὖ φαγεῖν οὐκ ἔξουσιν ἐξουσίαν οἱ τῇ σκηνῇ λατρεύοντες. Avec ces textes s’accordent parfaitement 1 Cor. IX, 13 ; X, 14-22. Cf. surtout X, 21 :Οὐ δύνασθε ποτήριον Κυρίου πίνειν καὶ ποτήριον δαιμονίων. Jésus-Christ lui-même a montré le caractère du sacrifice