tia. L’intercession des martyrs et des confesseurs amenait souvent la même indulgence. Cette intervention suscita bientôt de graves abus, que les docteurs de l’Église ne manquèrent pas de blâmer avec vigueur.
§ 91. — Schisme de Novat à Carthage ; de Novatien à Rome ;
de Mélétius en Égypte.
Les principes de l’Église catholique sur la discipline de la pénitence, que nous venons de décrire, et qui tenaient un sage milieu entre le rigorisme et le relâchement, occasionnèrent les schismes de Novat, Novatien et Mélétius.
Les chrétiens tombés durant la persécution de Dèce (thurificati — libellati surtout) étaient venus en foule demander aux martyrs mourants des lettres de recommandation, pour faciliter leur réconciliation avec l’Église ; il en résulta un danger réel pour la vraie discipline de la pénitence. Cyprien, avec son intelligence ordinaire, s’opposa à cet abus. Cinq prêtres, qui s’étaient déjà prononcés contre son élection à l’épiscopat, l’accusèrent de dureté et d’orgueil.
Novat, l’un d’eux, se mit à la tête des chrétiens tombés, avec l’opulent et prodigue diacre Félicissimus, et chercha à gagner à sa cause des partisans jusque dans Rome[1]. Mais Novat y trouva une disposition toute contraire : il s’y était formé un parti contre l’élection de Corneille, précisément parce qu’on le disait trop indulgent. Ce parti élut Novatien [251], et cet évêque intrus s’éleva avec orgueil contre ceux qui avaient failli dans la persécution, comme s’il ne pouvait rester aucun espoir à ces malheureux, alors même qu’ils témoigneraient leur repentir par une sincère conversion et une confession franche et entière. « Quiconque, disait-il, sacrifie aux idoles ou se souille d’un péché grave, ne peut ni demeurer ni rentrer dans la communion de l’Église, composée seulement de fidèles purs et
- ↑ Sur les libelli pacis donnés par les martyrs aux chrétiens tombés : Cypr. ep. 9, 10, 11. Audio enim quibusdam sic libellos fieri, ut dicatur, communicet ille cum suis, quod nunquam omnino a martyribus factum est, ut incerta et cæca petitio invidiam nobis postmodum cumulet ; p. 52, ep. 14, 22. Sur le parti de Novat et Félicissimus, Id. ep. 38, 39, 40, 42, 49, 55, 69. Sur celui de Novatien, ejusd. ep.41, 42, 52.