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melle d’un corps, non-seulement dans chaque diocèse, mais pour tous les diocèses entre eux. Les rapports des communautés les plus éloignées devinrent de plus en plus intimes et vivants ; et les chrétiens se regardèrent de jour en jour davantage comme les membres d’une même unité. Clément de Rome, Ignace d’Antioche, Polycarpe de Smyrne, insistèrent, en diverses circonstances, par leurs lettres et dans leurs voyages, sur la nécessité de cette union des fidèles dans l’Église. Irénée et Tertullien la défendirent également contre les hérétiques, comme la condition nécessaire de l’unité de la doctrine et le caractère essentiel de l’Église universelle mais c’est à Cyprien surtout qu’appartient l’honneur de l’avoir exposée, dans toute sa force, par son profond Traité de l’unité de l’Église contre les Novatiens :

« Comme les rayons solaires émanent tous d’un même foyer, comme les branches d’un arbre partent d’une même racine, ainsi toutes les communautés chrétiennes, dispersées sur la surface de la terre, se rattachent et sont unies à une seule et même Église. Le rayon ne vit que dans la lumière du soleil, la branche ne subsiste que par son union avec le tronc ainsi le vrai chrétien ne vit que par son union avec l’Église. Qui ne vit pas en elle est un étranger, un profane, n’a pas de part avec Jésus-Christ. Celui-là n’a point Dieu pour père qui n’a pas l’Église pour mère ; il mourrait de la mort du martyre, sa mort serait sans valeur et sans mérite. » Cette idée de l’unité interne et externe de l’Église, résumée dans le mot catholique, se réalisa partout de la manière suivante. De même que les fidèles d’une ou de plusieurs Églises s’attachaient à leur évêque, de même les diocèses les plus rapprochés les uns des autres se rattachèrent à un centre commun et formèrent une sorte de diocèse plus vaste, ordinairement autour de l’évêque de la capitale de la province, ou de la métropole civile[1], dénomination dont on se servait aussi

  1. Cet usage fut plus tard érigé en principe par le Concile d’Antioche, can. 9 : Τοὺς καθ’ ἑκάστην ἐπαρχίαν ἐπισκόπους εἰδέναι χρη τὸν ἐν τῇ μητροπόλει προρεστῶτα ἐπίσκοπον, καὶ τὴν φροντίδα ἀναδέχεσθαι πάσης τῆς ἐπαρχίας, διὰ τὸ ἐν τῆ μετροπόλει πανταχόθεν συντρέχεινπάντας τοῦς πράγματα ἔχοντας. (Harduin, t. I, p. 595.)