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pour répondre au besoin qui le presse, à l’esprit qui l’inspire : « Moi, qui crois avoir l’esprit de Dieu, je vous le redis : Heureuse la vierge qui reste vierge[1] ! » Ailleurs le même apôtre, répondant à Timothée, dit que l’évêque ne doit avoir épousé qu’une femme, qu’après la mort de celle-ci, il ne doit pas se remarier et qu’on prenne pour diacres ceux qui n’auront épousé qu’une femme[2].

Mais qui le premier fit une loi du célibat ? le peut-on dire ? N’est-ce pas l’esprit même qui anime les chrétiens qui leur a inspiré la libre adoption de cette noble loi ? En remontant aux sources on trouve que, pour la première fois, il est fait mention du célibat dans Tertullien, devenu une sorte d’oracle Montaniste[3]. Est-ce une preuve que l’origine du célibat est montaniste ? Non certes : c’est tout au plus une preuve que les Montanistes restaient en ce point, comme en plusieurs autres, d’accord avec l’Église catholique, pour laquelle, à cette époque, le célibat n’était plus rien de nouveau. Si les Montanistes en eussent été les inventeurs, dans leurs rudes attaques contre l’Église ils en eussent fait mention, ils s’en seraient vantés au lieu de se contenter de tirer du célibat quelques conséquences exagérées. La loi du célibat ne fut écrite sur du papier que lorsqu’elle commença à s’effacer du cœur des prêtres. On reprochait déjà comme une infraction à la loi au mondain Paul de Samosate et à son clergé d’avoir introduit des femmes dans leurs maison (συνεὶσακτοι γυναῑκες)[4].

  1. 1 Cor. VII, 40.
  2. 1 Tim. III, 2, 12. Cf. V, 9.; Tit. I, 6.
  3. Rigaltius trouva dans un vieux manuscrit de Tertull. de Exhort. castit., c. 10, après les mots : « Vita æterna sit in Chr. Jesu Dom. nostro, » l’oracle suivant de Priscille [entre 150 et 160], qu’il présume avoir été retranché du texte ob nimias laudes Priscillæ : « Item per sanctam prophetidem Priscam ita evangelizatur, quod sanctus minister (le prêtre non marié) sanctimoniam noverit ministrare. Purificantia enim concordat, ait, et visiones vident, et ponentes faciem deorsum etiam voces audiunt manifestas, tam salutares quam et occultas, etc. » Cf. Observation. Rigaltii ad Opp. Tertull., p. 114, et Tertullien lui-même dit : « Et commendabis illas duas (uxores) per sacerdotem de monogamia ordinatum aut etiam de virginitate sanctitum ? » Exhortat. castit., c. 11, p. 671 ; Origen. hom. XVII, in Luc. (t. III, p. 953). D’après celui-ci, un second mariage excluait du sacerdoce et du diaconat. Cf. Apostolor. const. VII, 17, ad princ. (Galland., t. III, p. 155).
  4. Euseb. Hist. eccl, VII, 30.