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Le mode d’élection et d’ordination des membres du haut clergé, mais bien plus encore le célibat, l’une des institutions les plus hardies, les plus sublimes et les plus saintes de l’Église catholique, prouvent la haute idée que l’Église conçut dès l’origine du sacerdoce. Représenter dans sa personne le nouvel homme, le second. Adam et continuer sa mission, se consacrer par conséquent sans partage dans toute son existence, et par toute son activité, au Christ et à son Église, telle est l’idée du célibat du prêtre[1] ; et le prêtre réalise cette idée quand, par une foi vivante en la divinité du Christ, il entre en un rapport si intime avec lui, que son être en est transformé et tout renouvelé dans le Saint-Esprit. Le Sauveur avait parlé de ceux qui sont nés eunuques dès le ventre de leur mère et de ceux qui se rendent eunuques eux-mêmes pour le royaume des Cieux[2] ; et l’apôtre des Gentils avait, dans l’esprit de son Maître, dit aux fidèles « Il est avantageux à l’homme de ne toucher aucune femme : je voudrais que vous fussiez tous comme moi (non marié)… Mais chacun a son don particulier, suivant qu’il l’a reçu de Dieu[3]. » Puis il ajoutait, comme pour exciter plus sérieusement encore à l’amour de la virginité : « Celui qui n’est point marié s’occupe du soin des choses du Seigneur, et de ce qu’il doit faire pour plaire à Dieu. Mais celui qui est marié s’occupe des choses du monde, et de ce qu’il doit faire pour plaire à sa femme, et ainsi il se trouve partagé[4]. » Il ajoute,

  1. Creuzer raconte dans sa Mythologie et sa Symbolique, t. I, p. 600, la légende indienne qui suit : « Le brahme, créé par Birmah, se plaignit que seul, parmi ses frères, il était sans compagne ; et Birmah lui répondit que lui, prêtre, ne devait pas se dissiper, mais devait s’adonner uniquement à l’étude, à la prière, au culte divin. » Dans Cic. de Legib. II, 8, il est dit : « Ad Divos adeunto caste ! » Le passage suivant de Lampridius (Vita Alex. Severi), c. 29, est important : « Usus vivendi eidem (Alex. Severo) hic tuit :primum ut, si facultas esset, id est si non cum uxore cubuisset, matutinis horis in larario suo, in quo et divos principes sed optimos, electos, et animas sanctiores, in queis et Apollonium, et, quantum scriptor suorum temporum dicit, Christum, Abraham, et Orpheum, et hujusmodi cæteros habebat, ac majorum effigies, rem divinam faciebat. » (Historiæ Augustæ scriptores sex, ed. Bipont., 1787, vol. I, p. 278.)
  2. Matth. XIX, 12.
  3. 1 Cor. VII, 1, 7, 8.
  4. 1 Cor. VII, 32.