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révélée, dépassant toute philosophie humaine[1], et la doctrine de l’Église comme la règle de foi (regula fidei), norme et mesure du jugement du faux et du vrai, dans toutes les controverses scientifiques.

Que si, tout en prétendant s’attacher à cette unique règle de foi, Origène erra, nommément dans son Périarchon, en ce qui concerne les rapports de Dieu avec le monde, la puissance créatrice et la bonté absolue de Dieu, l’éternité des peines de l’enfer, la préexistence des âmes, une résurrection toute spiritualiste et non conforme au dogme de l’Église[2], il ne faut pas oublier que, trop jeune encore, et n’ayant pu comprendre la doctrine du salut dans toute sa profondeur, il passa subitement à l’étude de la philosophie grecque, s’y livra avec ardeur et enseigna en même temps la théologie et la philosophie. Dans la ferveur de son zèle pour l’Église, il voulut opposer aux gnostiques, qui n’avaient pas de peine à formuler leurs théories imaginaires en un système de religion, la rigueur de la doctrine catholique systématiquement démontrée, et ornée en même temps de tout le charme des sciences grecques. Mais combien sa tâche était plus difficile que celle de ses adversaires, puisqu’elle portait sur une matière toute donnée, pleine des plus profonds mystères et des vérités les plus rigoureuses, et qu’il s’appuyait malheureusement sur une philosophie qui ne pouvait guère l’aider à atteindre son but ! Aussi ne faut-il pas trop s’étonner qu’il n’ait pas complétement réussi dans une entreprise d’ailleurs si louable.

Tandis que l’école d’Alexandrie s’efforçait d’exposer philosophiquement le Christianisme et d’élever le chrétien à la γνῶσις, perfection de la πίστις, simple adhésion aux vérités chrétiennes par la foi, les théologiens de l’école positive lui faisaient souvent une rude opposition, prétendant, parfois à juste titre, d’autres fois à tort, que la gnose était

  1. Just. Mart. Apol. II, c. 10. Μεγαλειότερα μὲν οὖν πάσης ἀνθρωπείου διδασκαλίας φαίνεται τὰ ἡμέτερα· διὰ τοῦτο λογικόν τὸ ὅλον τὸν φαίνεται δι’ ἡμᾶς χριστὸν γεγονέναι, καὶ σῶμα, καὶ λόγον καὶ ψυχήν. Clem. Alex. Χωρίζεταί τε ἡ Ἑλλενικὴ ἀλήθεια τής καθ' ἡμᾶς, εἰ καὶ τοῦ αὐτοῦ μετείληφεν ὀνόματος, καὶ μεγέθει γνῶσεως, καὶ ἀποδείξει κυριωτέρᾳ, καὶ θείᾳ δυνάμει, καὶ τοῖς ὁμοιοις. Strom. I, 20, p. 376.
  2. Ramers, Doct. d’Origène sur la résurrection. Trev., 1851.